Roi Heenok : "Je n'aime pas suer"
Plus connu pour sa personnalité assez déjantée que pour sa musique, Roi Heenok sort un album intitulé "Cocaïno Rap Musique" à la hauteur de son personnage. Rencontre haute en couleur…
Peux-tu nous dire tout d'abord ce qu'est la "Cocaïno Rap Musique"?
Roi Heenok: La Cocaïno Rap, c'est un concept. C'est une musique à base de morphine, dérivée de la vie d'un mec qui est devenu riche grâce à la cocaïne. Je recycle ce style de vie en quelque chose de positif et j'appelle ça la Cocaïno Rap, pour que les jeunes lâchent la cocaïne.
C'est une histoire vécue?
Oui, c'est mon histoire. Une histoire dont je ne suis pas extrêmement fier, mais que je recommencerais point par point si je pouvais revenir en arrière. Avec beaucoup de joie même.
Pour quelles raisons puisque tu n'en es pas fier ? Par facilité?
Non. Pour l'accélération. Pour la sensation de faire de l'oseille rapidement. J'y ai pris goût.
Tu parles d'argent facile et, justement, ton prochain album qui sortira peu après ce "Cocaïno Rap Musique" s'intitule "Musique Capitaliste". Pour toi, le rap n'est-il qu'une manière de faire de l'argent finalement?
Non, ce n'est pas une histoire d'oseille, c'est une histoire de capitaliste. La musique appartient à l'homme blanc et il n'y a pas de place pour un Noir comme moi. Alors, il faut que je fasse mon trou. Je dis Noir et Blanc, mais il n'y a pas de racisme chez Roi Heenok, seulement de l'amour. Je dis les choses comme elles sont c'est tout.
En tant que rappeur canadien, comment vois-tu la scène rap française ?
C'est très chaud, les Français ont une masse de jeunes incroyables avec des noirs, des Arabes, des Blancs… Et ce sont les jeunes qui ont le pouvoir ici. Ce n'est pas Sarkozy qui compose, ce sont les jeunes, et le public rap est énorme en France. Tous les rappeurs américains le savent, Snoop Dog et les autres: si tu ne perces pas en France, si tu n'es pas une étoile en France, tu n'es pas officialisé dans les autres pays. La scène française est très en avance par rapport à celle de Montréal.
Comment fonctionnes-tu sur scène ?
Un concert du Roi Heenok, c'est comme sa musique. Je suis calme, tranquille. Je ne crie pas, je ne saute pas. Mais en même temps, je suis chaud. Le calme à son meilleur, un calme intense parce que j'aime la performance, mais je n'aime pas transpirer. C'est un truc qui me dégoûte. Je n'aime pas suer, que ce soit quand je fais du son ou quand je baise. La sueur pour moi c'est de l'excès et c'est la société qui produit ce mauvais excès. Pourquoi devrais-je suer ? Si je me sens mal, si on me pose un flingue sur la tempe, si ta copine s'en va, ce sont des choses qui te font suer. Et ce ne sont pas des moments que j'aime.
Penses-tu que le rap est une musique faite pour la scène ou plutôt pour les chaînes HI-FI ?
Pour la scène c'est très bien, mais, le rap, c'est avant tout fait pour les bagnoles et pour les types sédentaires. Les graphistes, les mecs qui travaillent sur leur ordinateur toute la journée. Ils l'écoutent en boucle, parce que le jeu c'est de comprendre tous les mots qui sont prononcés. Et pour ça, il faut écouter plusieurs fois.
Propos recueillis par Yoan Rega, pour Concertlive.fr
"Cocaïno Rap Musique" (Nocturne)
Source: Attention Site à forte tendance homosexuelle : http://www.concertlive.fr/interview/289 ... e-pas-suer