Il pleut ce 9 juillet sur la place Blaha Lujza, dans le centre historique de Budapest. Quatre jeunes hommes de forte carrure entrent dans un bar, jettent des regards méfiants autour d'eux et commandent des bières dans un anglais approximatif. « Personne ne sait que nous sommes ici », souffle Victor Lenta, 25 ans, ancien caporal du 3e régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa) ayant servi en Afghanistan, en Côte d'Ivoire et au Tchad. Sa voix reprend de la force : « J'ai hâte de montrer aux Ukrainiens ce que valent les paras français. »
Cet ancien soldat tricolore et ses trois camarades ont pris un vol Paris-Moscou le 20 juin et sont descendus pour deux semaines à Rostov-sur-le-Don. Cette ville charmante du sud de la Russie, à 80 kilomètres de la frontière ukrainienne, est la principale base arrière de la rébellion séparatiste. De là, les quatre Français se sont rendus dans la capitale hongroise, afin d'obtenir, par le biais d'un réseau local, des visas russes de longue durée. « Ça permettra de nous réfugier en Russie si les choses tournent mal dans le Donbass. »
« COMBATTRE AUX CÔTÉS DE NOS FRÈRES RUSSES »
C'est Nikola Perovic, Franco-Serbe de 25 ans, ancien caporal-chef du 13e bataillon de chasseurs alpins ayant combattu en Afghanistan, qui énonce le projet : « Nous partirons très prochainement dans l'est de l'Ukraine pour combattre aux côtés de nos frères russes. » Les deux autres demandent à rester anonymes. Michael « MMA », 26 ans, et Guillaume « le Normand », 25 ans, n'ont pas de parcours militaire. Craignant une infiltration, « ou pire », ils se tiennent le plus loin possible des autorités et des services français.
Le plan ne s'est pas déroulé comme prévu. Après un mois d'attente, ils ont obtenu seulement des visas de courte durée. Retourné à Rostov-sur-le-Don le 7 août, Nikola Perovic a été acheminé à Donetsk trois jours plus tard, devenant à ses dires le premier combattant français à rejoindre les rangs de la sécession prorusse.
Guillaume, Michael et Victor, eux, ont été interceptés le 6 août par les services secrets russes à l'aéroport Vnukovo de Moscou et renvoyés en Hongrie. « C'est la preuve que nous ne sommes pas aidés par la Russie », claironne Guillaume. Ils ont alors rallié Kharkov, deuxième ville d'Ukraine, à 300 kilomètres du front, et ont rejoint Nikola Perovic le 18 août. « Sommes à Donetsk, réunis, en armes, en uniforme dans une unité de la DPR [“République populaire de Donetsk” autoproclamée en avril] », affirment-ils dans un SMS reçu le 20 août.
Qui sont ces Français qui combattent l'armée ukrainienne aux portes de la Russie ? Ces quatre-là affirment être les fondateurs d'un mouvement ultra-nationaliste nommé Unité continentale, un groupuscule dont la page Facebook affiche près de 2 000 « J'aime » et qui réunit une vingtaine de militants depuis janvier 2014. A son actif, des manifestations en France et en Serbie en faveur du président syrien Bachar Al-Assad ou pour la libération du nationaliste serbe Vojislav Seselj, accusé de crimes contre l'humanité par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.
« IL S'AGIT D'UNE GUERRE MONDIALE »
Tous ont fréquenté, de près ou de loin, des groupuscules d'extrême droite radicale. Victor Lenta s'est fait un nom à Toulouse après avoir été rendu à la vie civile en avril 2012. Il y a codirigé les Jeunesses identitaires et participé au développement de la section locale des Jeunesses nationalistes. Proche du Lys noir, un groupuscule putschiste prônant un coup d'Etat militaire, il est par ailleurs mis en cause et témoin assisté dans une affaire d'agression sur la personne d'un étudiant chilien à Toulouse en avril 2012. Dans son livre Vol au-dessus d'un nid de fachos paru en janvier 2014, le journaliste Frédéric Haziza affirme que Victor Lenta a été renvoyé de l'armée pour avoir participé avec le groupuscule néonazi Languedoc War à l'incendie d'une mosquée à Colomiers (Haute-Garonne) en avril 2008. Victor Lenta a porté plainte pour diffamation.
Guillaume « le Normand » est militant depuis une dizaine d'années, d'abord comme sympathisant des Jeunesses identitaires et du Parti de la France, puis comme membre du mouvement skinhead Troisième voie, dissout par décret en juillet 2013 à la suite de la mort du militant d'extrême gauche Clément Méric. Michael, lui, a participé à Paris à des manifestations de soutien à Bachar Al-Assad et a pris part en hiver 2013 à l'opération « Noël en Syrie », organisée par l'association SOS chrétiens d'Orient. Nikola Perovic, enfin, revendique des contacts dans diverses organisations radicales en France et en Serbie, mais n'a jamais formalisé son engagement.
Pour ces quatre-là, la Russie serait le dernier rempart contre la mondialisation libérale, qu'ils estiment « responsable de la déliquescence des valeurs nationales et de la perte de souveraineté de la France ». « Nous sommes en guerre, et il s'agit d'une guerre mondiale », affirme Guillaume « le Normand », avant une comparaison hasardeuse entre les séparatistes prorusses d'Ukraine et les Forces françaises libres de la seconde guerre mondiale. L'argent, martèlent-ils, n'est pas la raison de leur engagement. « Nous avons économisé pendant plusieurs mois et lancé des appels aux dons sur les réseaux sociaux pour réunir les fonds nécessaires à notre départ », poursuit Guillaume « le Normand ».
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Dis-donc connard, enculé d'antisémite de ta mère, tu vas me traiter avec un peu de respect oui ? ton père il t'a fini à la pisse après il t'a bercé contre un mur ! T'es qu'un gros connard, Derrick, j'te dis merde, t'entends, je t'emmerde !