
Des mots puissants, extrêmement puissants

Voici un de ses poêmes :
« Suis-je mort ? Suis-je vivant ? »
Je suis en vérité perplexe à mon sujet, perplexe jusqu’en ma perplexité.
De ces réalités, laquelle est donc ferme et me concerne en propre ? Laquelle ?
Suis-je un être ? Suis-je néant ?
Suis-je attesté ? Suis-je nié ?
Contingent ou nécessaire ?
Suis-je voilé ? Doué d’excellence ?
Suis-je entravé ? Suis-je absolu ?
Céleste ? Je ne le suis, ni terrestre.
Suis-je fixé en quelque lieu ? Suis-je un errant ?
Suis-je quelque chose ? Ne suis-je rien ?
Suis-je être principiel ? Créature ?
Mon domaine est-il l’invisible ? Suis-je apparent ?
Suis-je une substance ? Ai-je quelque mode ?
Suis-je être corporel ? Spirituel ?
Suis-je seulement qui je suis ? C’est en cela que je m’égare ?
Suis-je mort ? Suis-je vivant ?
Suis-je contraint ? Libre de mon choix ?
Suis-je savant ? Ou ignorant, incapable ?
Est-ce moi, oui ou non, qui agis en mes actes ?
Faut-il parler de destin ? Ou d’acquisition par l’agir ?
C’est moi que je vis faire tout d’abord,
puis je me vis agir par Lui,
Puis je Le vis qui agissait par moi
à l’inverse de ce qui venait d’être. Tout se mêla.
Rien n’a plus subsisté, ni ceci, ni cela ;
Il n’est demeuré qu’Allah, sans dualité !
Si tu le veux, affirme en moi tous les contraires :
Si tu le veux, repousse-les ! Ce que tu promulgues à tous vents reste pour moi couvert…
Lorsque je fus anéanti, parfaitement éteint, que de moi ne subsista nulle trace.
Je fis retour à mon être sans limites : plus de guidances, ni d’égarement !
Je rejoignis mon Vrai, mon Seigneur, mon Mystère ;
il n’y eu plus ni créature, ni existence, ni serviteur ;
Je me dépouillai de mes sens ; je passai au-delà de mon âme
et de mon esprit, là où il fut dit : « Je suis en vérité Sanctissime ! ».
