Bernard Kouchner confirme que la France a renoué le contact avec le Hamas, tout en récusant le terme de "relations" avec le mouvement islamiste palestinien.
"Ce ne sont pas des relations, ce sont des contacts. Il faut que nous puissions parler (avec le Hamas) si nous voulons jouer un rôle, si nous voulons d'abord que nos émissaires puissent passer à Gaza" , a déclaré le ministre des Affaires étrangères sur Europe 1.
Dans son édition de lundi, Le Figaro rapporte qu'un diplomate français à la retraite, Yves Aubin de la Messuzière, ancien ambassadeur en Irak, a rencontré il y a environ un mois à Gaza Ismaël Haniyeh, chef de file du Hamas dans le territoire, et Mahmoud Zahar, l'une des principaux dirigeants du mouvement.
Lors de son intervention télévisée du 24 avril, Nicolas Sarkozy avait exclu des contacts personnels avec une organisation "qui veut rayer Israël de la carte" mais avait jugé utile qu'il y ait "des passerelles pour discuter"

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Le chef de l'Etat doit se rendre en visite officielle en Israël et dans les Territoires palestiniens du 22 au 24 juin.
"Avoir des contacts, c'est une chose. Nous ne sommes pas les seuls à en entretenir", a souligné Bernard Kouchner, tout en ajoutant que "la vraie discussion, c'est entre les Palestiniens".
A ce sujet, il a estimé que les dirigeants du Hamas faisaient preuve d'ouverture. "Ils sont plus souples qu'auparavant. Ils admettent que des discussions (avec Israël) aient lieu, ils admettent éventuellement même - ce qui est une avancée - l'existence d'un Etat palestinien. Ils ne reconnaissent pas pour le moment l'Etat d'Israël".
Selon Yves Aubin de la Messuzière, cité par Le Figaro, "ils m'ont répondu qu'ils étaient prêts à accepter un Etat palestinien dans les frontières de 1967, ce qui équivaut à une reconnaissance indirecte d'Israël".
"Ce qui m'a surpris, c'est que les dirigeants islamistes reconnaissent la légitimité de Mahmoud Abbas (NDLR: président de l'Autorité palestinienne). Dans tous les bureaux où je suis allé, son portrait était collé à ceux des responsables du Hamas", ajoute-t-il.
A Washington, le département d'Etat a critiqué la décision française. "Nous pensons qu'elle n'est ni sage, ni opportune", a déclaré le porte-parole Sean McCormack, en rappelant que le Hamas ne remplissait toujours pas les conditions fixées par le "quartet" (Union européenne, Etats-Unis, Onu et Russie) pour une reprise officielle du dialogue.

Pascal Liétout